A Marseille,
l’Etat condamné pour son inaction
face aux rodéos urbains
Le tribunal de Marseille a condamné la préfecture de police des Bouches-du-Rhône. L’Etat doit verser 10 000 euros de dommages et intérêts à un collectif d’habitants.
Le Monde Publié le 20 août 2020 à 11h26 - Mis à jour le 20 août 2020 à 12h55
Au début, le rugissement des quads et motos ne se faisait entendre quasiment que le matin et les week-ends, dans le quartier marseillais du Verduron. Mais ces nuisances sonores, qui sévissent dans cette zone depuis 2012, se sont rapidement amplifiées, durant désormais « de 11 heures à la tombée de la nuit », raconte une habitante du quartier, au Parisien.
Ces courses à moto risquées en ville, qui combinent pics de vitesse et bruits tonitruants des moteurs, sont pratiquées par des jeunes de 16 à 25 ans environ. Elles ont eu raison de la patience des résidents des immeubles alentour, qui, après plusieurs courriers adressés au plus haut niveau de l’Etat (Défenseurs des droits, ministres de l’intérieur et préfets de police successifs) depuis 2012, ont formé un collectif et saisi la justice. Cette dernière leur a donné raison, puisque le tribunal de Marseille a fini par condamner l’Etat à verser 10 000 euros de dommages et intérêts.
« Faute de la part de l’Etat »
Le tribunal de Marseille, dans son arrêt rendu le 3 août, estime que le préfet de police des Bouches-du-Rhône a pris des « mesures insuffisantes pour restaurer la tranquillité publique dans ces lieux concernés par le déroulement régulier de rodéos motorisés ». Pour la juge, il s’agit bien d’une « faute de la part de l’Etat ».
Pour la riveraine à l’origine de la procédure, « cette décision de justice est sans doute une première en France, mais ce n’est qu’une étape ». Auprès du site d’informations locales Marsactu, elle affirme ne pas être « satisfaite de cette décision. Dans ce genre de procédure, on ne peut avoir que de l’argent. Or l’argent ne m’intéresse pas. Cette compensation ne règle pas mon problème, les rodéos continuent ». Elle pense poursuivre sa procédure devant le tribunal administratif.
Un peu avant l’été, 45 motos ont été ainsi saisies. « Mais le plus souvent, on rend la moto à son propriétaire qui n’est pas le conducteur dans la majorité des cas. Dans les cités, ces engins seraient ainsi loués pour éviter une éventuelle confiscation par la police », explique Nathalie au Parisien.
La préfecture de police défend son bilan
De son côté, la préfecture a avancé face aux juges ses « actions de sensibilisation, […] de patrouilles, de contrôles routiers ». Elle a mentionné la saisie d’une moto en 2012 et une interpellation en 2017 « tout en rappelant, rapporte le tribunal, la dangerosité de ces interpellations pour les personnes concernées, les agents de police et les passants ».
Un argument irrecevable pour les juges : « Cette circonstance n’exonère pas les services compétents de leur obligation de prendre des mesures appropriées pour assurer un niveau raisonnable de tranquillité publique ». Contactée par Marasctu pour commenter cette décision, la préfecture de police n’a pas répondu dans le temps imparti à la publication de leur article.
Pendant le confinement imposé par l’Etat pour faire face à la pandémie de Covid-19, les rodéos urbains et les incidents qu’ils provoquent se sont accentués en France. Le ministère de l’intérieur recense, entre août 2018 et juin 2020, 45 832 interventions pour rodéos motorisés et 4 614 infractions relevées, lesquelles ne s’achèvent que rarement au tribunal.
Le Monde
Échirolles : les habitants du quartier des Granges veulent réhabiliter le parc Maurice-Thorez
Mercredi 3 avril 2019 à 19:26
Par Nicolas Joly, France Bleu Isère
Site de France Bleue Isère : <https://www.francebleu.fr/infos/societe/echirolles-les-habitants-veulent-rehabiliter-le-parc-maurice-thorez-1554312138>
En finir avec la mauvaise réputation du parc Maurice-Thorez. Le parc où avait été tués deux jeunes, Kévin et Sofiane, le 28 septembre 2012 est depuis régulièrement pointé du doigt comme étant mal-famé. Mais ceux qui y vivent veulent voir le bon côté du parc et de leur quartier.
C'est un terme lu dans le journal qui a mis le feu aux poudres. "Le tristement célèbre" parc Maurice-Thorez à Échirolles (Isère). Ça n'a pas du tout plu aux habitants des Granges comme Marie-Thérèse qui préside l'union de quartier : "Que l'on parle d'un fait-divers et que l'on dise que la fusillade a eu lieu devant la patinoire, pourquoi pas. Mais pourquoi écrire "près du _tristement célèbre parc Maurice-Thorez_" ? Pourquoi ? Ce n'est plus de l'information."
Le parc du "Drame d'Échirolles"
"Tristement célèbre" depuis la mort de Kévin et Sofiane en 2012. Deux jeunes Échirollois poignardés dans l'enceinte même du parc. Le "Drame d'Échirolles" avait suscité l'émoi à l'époque. Et continue de rebuter certains affirme Josiane. "Une amie voulait m'envoyer des fleurs mais la fleuriste a refusé de les livrer parce qu'elle pensait que le quartier était dangereux".
Pour certains le parc et le fait-divers sont indissociables, comme l'illustre le titre "Un jour au mauvais endroit" du chanteur Calogero dédié à Kévin et Sofiane. Le chanteur, originaire du quartier, entonne : "dans les allées du parc Maurice-Thorez, _on a poignardé ma jeunesse_."
Ce drame, les habitants des Granges comme Martine ne l'oublient pas bien sûr. Mais pour eux il faut aller de l'avant. Michel en veut aux médias qui continuent d'associer le lieu et le drame. "Lire que le parc est tristement célèbre c'est une gifle pour nous. On aimerait bien que tout le travail de réhabilitation que l'on fait soit salué et non détruit."
Un travail de réhabilitation
L'association des habitants du quartier qui réunit près de 300 familles met la main à la pâte pour essayer de redorer le blason du parc et, par extension, celui du quartier. Animations, affiches, création d'un site internet, publication d'une gazette... les tâches sont nombreuses. "Je m'occupe de la communication, du site web, du graphisme des affiches. Je ne fais pas un temps plein, mais _presque un trois quart-temps_, rien que pour faire remonter la réputation du quartier, et ce depuis des années", détaille Michel.
Au fond, ce que veulent les habitants c'est que tout le monde voie le parc Maurice-Thorez comme eux le voient. "C'est un parc où il y a beaucoup de vie. _C'est gai, c'est vivant et très convivial_. On s'y croise souvent et on se dit bonjour même si l'on ne s'est jamais vus", raconte Marie-Thérèse. Mais il suffit qu'un fait divers ait lieu à proximité pour réduire à néant les efforts de l'association et rendre à leur quartier sa mauvaise réputation.