Écritures n° 2

 Défi n° 2

Inspiré par cette photo votre texte doit contenir le mot "printemps".


Ce printemps, bulbent tranquilles : narcisses, jonquilles, tulipes dans les parcs. Les écureuils curieux du silence nouveau s’aventurent au pied des branches, oublient de regarder à droite puis à gauche et encore à droite avant de traverser les allées. Les merles impertinents ne crottent sur personne. Les oiseaux chantent à tue tête comme d’habitude à moins que sans les bruits des moteurs, leurs chants semblent plus présents qu’avant...
L’herbe croît paisible, tapis de neige vert intact pour la beauté des yeux des rares promeneurs masqués.... L’air assure surtout les livraisons d’oxygène, la pollution va bientôt manquer...
Solitude ou promiscuité se croisent entre 4 murs et la diarrhée des infos aiguisent la peur. Chacun sidéré se terre en son logis et, multiplie les contacts à distance.
Reste à dorloter son nounours en espérant bientôt s’asseoir sur l’herbe verte, respirer le parfum des lilas, cueillir les œufs de Pâques ou de de la saint Glinglin...

Se donner la main...

-

Nicole N.


Mmmmhhhh ! Comme je suis bien là, comme c'est doux. Regarde mon sourire et mes yeux brillants. Il me tient fort serré contre lui. Parfois un peu trop fort quand il est triste ou quand il a peur mais je ne dis rien, je ne crie pas, je le laisse faire. 

Il m'emmène partout avec lui, par tous les temps, toutes les saisons. En hiver on fait de la luge tous les deux. Lui il a une grosse combinaison toute molletonnée et bien chaude mais pas moi. Alors son papa a cousu un manteau pour que je n'aie pas froid. 

En automne on court dans les feuilles mortes de toutes les couleurs. On saute, on tombe et après ma peluche est toute sale alors, comme je ne peux pas prendre de bain avec lui (j'ai peur de l'eau) il me frotte fort et longtemps. J'aime bien ça ! 

En été́ il fait chaud, trop chaud. On fait la sieste à l'ombre et quand il va à la piscine je reste à la maison parce que, dans cet endroit là, je n'ai pas le droit d'y aller. Lui ça le rend triste mais moi ça ne me gêne pas, je te l'ai déjà̀ dit, j'ai peur de l'eau... 

Le printemps, ah le printemps, c'est ma saison préférée. On sort souvent au parc, on se promène. Tous les gens ont le sourire parce que le soleil est revenu. Les oiseaux chantent, l'herbe pousse, c'est magique. 

Mais cette année, je n'ai pas bien compris pourquoi, on ne sort pas. On ne voit personne, on ne va pas au parc et même les courses on ne les fait plus. Sa maman ou son papa vont chacun leur tour chercher des choses qu'ils ont commandées avant. Ils appellent ça « faire un drive ». Le soir on entend de drôles de bruits sur les balcons. Des gens chantent, d'autres  applaudissent, d'autres tapent sur des casseroles et j'ai même vu l'autre soir quelqu'un faire de la gym sur sa terrasse. 

Moi ça me fait un peu peur tout ça, heureusement qu'il me tient fort dans ses bras, ça me rassure. Mais je me demande : tu crois qu'on pourra retourner au parc un jour ? Tu crois qu'on saura encore courir, faire du vélo ? Et, dis, tu crois qu'on saura encore vivre et rire après ce printemps-là ? 

-

Martine

 


Ovide, c’est mon petit voisin. Il est né au printemps 2020.

Ovide, c’est un rayon de soleil, câlin, confiant, mignon tout plein.

Ovide aimera l’école, jouer avec les copains, lever la main pour répondre à la maîtresse, respirer son parfum quand elle viendra l’aider près, tout près de lui.

Ovide sera marin, pour aller loin, loin, loin. Ou peut-être chasseur de virus, le nez sur un microscope, pour voir le petit, petit, tout petit. Ou aide-soignant, infirmier, ou médecin pour faire du bien, beaucoup de bien. 

Il prêtera son nounours au copain qui s’est écorché le genou, puis son vélo, sa voiture, une partie de ses économies à des voisins dans le besoin. Il ne sera pas avare de son temps, non plus, pour écouter les autres, construire ensemble, vivre ensemble. 

Ovide, mon petit, on compte sur toi !

Flor


Berceuse du COVID-19

Câlin, Câlinou, Câline ton
Ourson d'amour et surtout n'Oublie pas de
Vivre avec Vivacité et en Vérité. Va, Vois le monde, Vas-y
Imagine ce qui t'attend, Invente un autre univers enfin
Dors mon enfant chéri, Dors et Demain Donne-toi à fond pour Devenir
vers tes  -19 printemps un bel être humain avec une belle âme...
-

 

Marie-Claude  B

Il y a quelques jours, maman avait dit, ou plutôt marmonné, quelque chose que je n’avais pas très bien compris : voilà le printemps. C’est le moment de faire LE grand nettoyage.

Voilà une semaine (depuis le 17 mars pour être exact) qu’elle astique tout dans la maison, du sol au plafond, sans même reprendre son souffle. Même les placards que l’on n’ouvre jamais y ont eu droit. Elle en a viré des vieux trucs ! En fait, c’est elle qui a dit que c’étaient des vieux trucs ; papa n’était pas tout à fait d’accord.

Remarque, cela fera peut-être assez de place pour ranger tous ces paquets de pâtes qui ont fait mystérieusement leur apparition ces jours derniers. Et s’il n’y avait que les pâtes !

Bon, Nounours, il faut que je te planque avant que tu ne finisses dans le lave-linge. Cela ne serait pas très grave ; vu la quantité de papier WC en réserve, j’aurais de quoi pour t’essuyer !

-

Jomo


Infaillible réconfort de la tendresse

Câlinerie doucereuse déjouant l’absence de flocons

Car déjà fleurit le printemps comme première maîtresse

Pour l’enfant se pelotonnant contre son fidèle compagnon

L’ours en peluche saura garder bien des promesses

Source pérenne confondant jusqu’aux saisons

Jusqu’à s’offrir comme intemporelle ivresse

À ne point faner l’instant de son intime floraison

-

Virginie


Quand je pense à  mon enfance j’ai eu un ours en peluche qui me réchauffait le cœur en hiver.
Mais quand arrivait le printemps j’avais du mal à  m’en séparer pour m’amuser à d’autres activités car la fin du froid faisait place à la chaleur. 
Au printemps on fait le ménage et on met dans le placard ou à la cave les vêtements, objets qu’on n’utilise plus pour les récupérer après le printemps.
Moi je mis mon pull marin lorsque j’étais chez moi, ça apportait le bonheur, la joie au cœur.
Le printemps est une saison que j’aime tout particulièrement car je prends toujours un an de plus.
Vive le Printemps !!!

-

Olivier


C'est une petite fille blonde à lunettes.

Je ne connais ni son prénom ni son âge. Je dirais 8 ou 9 printemps. Tous les jours quand il fait beau, elle sort sur son petit balcon et aligne ses poupées sur une table ronde. En face de la table, il y a un tableau. Et notre petite fille blonde fait l'école à ses poupées.

La maîtresse est très bavarde, elle jacasse, elle jacasse... Les poupées écoutent sagement.

Merci petite fille blonde pour ton enthousiasme et ta gaieté.

-

Marion


La vieille dame

La vieille dame, elle sort chaque après-midi. 

Sa sieste finie, à quatorze heures elle s’équipe. A main gauche, sa canne à patte de biche. 

Vous la reconnaitrez ! La menotte droite toujours dans sa poche à caresser son doudou. 

Un printemps, cette femme ! Une jeunesse, grande svelte sportive, elle s’active le front haut. 

 

Qui est-elle ? Où habite-elle ?

Nous sommes en période de confinement, je ne me permettrai pas de vous répondre.

Et puis il n’est pas question qu’elle se sente surveillée !  J’ai trop d’empathie pour elle. 

Digne, ouverte sur l‘entour, elle marche concentrée, mais affable. 

 

Elle connait les règles de bienséance.

Elle traverse volontiers la chaussée désertée pour croiser selon les bonnes règles une passante.

La gent masculine est ok, s’offre volontiers, afin éviter la promiscuité de promenade.

 Un salut silencieux, un sourire franc, une discrétion rassurante !

Elle va bien ! Elle ne tousse pas, elle ne se mouche pas. 

Les oreilles à l’affût des chants d’oiseaux, son petit nez fripon goûte les délices printaniers. 

Elle s’arrête pour photographier la gaie saison, l’écarlate de la première rose, quelques merisiers dégoulinant de bouquets immaculés.  

 

Elle gite sans doute en cette contrée vu l’autorisation de déplacement dérogatoire qui n’accorde qu’un rayon d’un kilomètre autour du domicile. 

Son cheminement sur la voie piétonne bordant l’Isère lui fait décrire un rectangle qui la conduit à traverser deux ponts  successifs.

Comme à son habitude elle s’assied sur l’un des trois bancs libre face à la rivière.

Toute à sa rêverie, son œil lisse le courant imperturbable des flots.

 

Soudain, elle pose le doudou  sur ses genoux et active ses pieds en cadence.

Elle offre un moment de sport à sa peluche rousse frisottée qui saute, sursaute, s’anime… et semble darder de plus en plus fort ses prunelles sombres.

Une grosse larme sillonne sur la joue droite fripée, voilà un quart de siècle que Max n’est plus !

-

Colette