Oiseaux d'ici et d'ailleurs
Dessin d'Anne G.
Drôle d oiseau
Je ne sais pas pourquoi
J'ai des plumes très colorées sur le corps comme l'ara
Des noires et blanches sur les ailes comme la pie
Une houppette sur la tête comme l'oiseau du paradis
De grandes pattes comme le flamant rose
Un petit bec de moineau
Et encore beaucoup de particularités….
Je me suis nommé moi-même “oiseau du monde “
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Nicole B.
Oiseau de mauvais augure ! Comment oses-tu déployer ton vol goguenard à l'horizon rétréci de ma sérénité ? Privé depuis trop longtemps du survol des ailleurs, contraint aux migrations rêvées, je me racornis aux confins de mon cœur.
Comment peux-tu encore éructer tes gazouillis braillards dans mon ciel confiné ? Ne vois-tu point qu'un insidieux microscopique niche et prolifère dans mes libertés, me déplumant un peu plus chaque jour ?
Arrête de picorer mon présent me laissant impuissant dans mes rêves ! Cesse d’égrener tes arabesques en méli-color dans l'azur inquiétant des lointains figés.
A quoi bon voler les heures si je ne peux plus être fidèle au vent ? Ravale ton nid et va pondre dans l'hivernage des ferrailleurs d'illusions.
Laisse-moi pelotonné dans le moelleux de l'instant, au duvet fragile et fugace. L'espoir camouflé tangue dangereusement, épuisé jusqu'à l'ivresse. Le temps vacille, bas les plumes !
Et connais-tu seulement le suave d'un baiser ?
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Corbeau D-culotté
Rien
qu’en écoutant son chant,
d’oisif je deviens, à l’instant,
oiseau.
Une envie d’évasion m’a saisie.
S’il suffisait
pour changer de cap ou d’horizon,
pour contempler le grand large,
de fermer les yeux ?
S’il suffisait
pour toiser le monde,
pour renverser le décor,
de disparaître ?
Je me pare de nuit, dans la peau d’une corneille,
vers l’au-delà des rêves, je vole jusqu’au ciel,
biffure noire sur le miroir des illusions.
Depuis mon fauteuil,
je m’échappe vers l’ailleurs,
je cesse de cisailler le vide en vain.
J’invente mes lendemains.
Je me prends pour l’oiseau,
je laisse pousser mes ailes,
je me casse en pensée, je me taille
une flûte dans un roseau.
Sur un chant, je m’envole.
Voler mon ange
Lâcheté criminelle
Rageuse mésange
Vaillant tueur
Agile aviateur
Vengeance cruelle
Noircie les cieux
C’est comme l’oiseau, l’oiseau qui vole et qui danse dans le lit du vent, toujours plus loin, toujours plus haut. Ici, ailleurs, c’est pareil, le mystère du monde est en nous, il nous attend, il lui faut juste un peu d’espace pour se déployer, un peu de silence, un oiseau et le monde s’ouvre jusqu’à l’immense. Je me sentais pousser des ailes, des ailes très belles, fidèles au vent et à l’oiseau, l’oiseau qui m’attend, l’oiseau qui m’entraîne ici, et pourquoi pas ailleurs.
Oiseau des tempêtes
pèlerin du temps, bagué d'écume
inconnu au-delà de la ligne
au loin d'un autre ciel
Voyageur vagabond à queue de comète
tu marchandes des gouttes d'océan
lâchées sur le feu horizon
contre une plume pourpre, flammèche cuivrée
Tu bois l'ombre amère du bord des terres
à l'appel des nuits mandoline,
danse en vol, comme valse hongroise,
glissade silencieuse sur bise salée
Chineur d'illusions, simulateur d'atonie,
la treizième heure est la tienne
pour renverser le décor,
émietter rêves de lilas et odeurs boisées
Avec toi, j'oublie le cours du voyage
d'hérisson, je deviens rossignol
sillonne, silencieuse, les lacs et les champs
et signe au ciseau d'indicibles complaintes...
--
Frédérique
Chiffonnier de l’aube
Oiseau de passage, partout et nulle part en même temps,
Perroquet sans ailes porté par les cinq vents
Je cisaille le vide de mes ciseaux d’argent
Oiseau volage, silencieux dans la brise et le chant,
Sterne sur l’océan, voyageur de l’écume sur les vagues,
Je quitte le jour pour les étoiles, les grandes constellations
Oiseau sauvage des indicibles printemps,
Rossignol au cœur d’ange, réel sur les décombres,
Je cueille la sauge et le thym à deux pas d’une tombe
Oiseau ravage, loin de la pleine mer et ses haleines,
Merle noir buveur d’ombre dans la chaleur des hauts-fourneaux,
Je scande au-dessus de vos tours l’inexorable rengaine des mutations
Oiseau de langage, aux embruns de sel sur la langue,
Colibri bricoleur dans l’éphémère vapeur du monde,
Je devine au large le vaste littoral où j’ancrerai mes songes
Oiseau de partage, ténébreuse zébrure d’absolu dans la voute sidérale,
Condor aéroplane, pourvoyeur d’espace aux chevilles de vent,
Voilier du ciel, chiffonnier de l’aube, je toise la foule de ma folie nomade.
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Yves